Maladie MIH : comprendre cette pathologie dentaire méconnue

Un enfant sur six présente des défauts d’émail sur ses premières molaires et incisives définitives. Les douleurs liées à ces dents fragilisées compliquent souvent l’alimentation ou le brossage au quotidien, sans cause évidente. Malgré une fréquence en hausse, ce trouble reste souvent méconnu des familles, alors qu’il peut entraîner des soins précoces et répétés.

Les professionnels de santé recommandent une vigilance accrue dès l’apparition des dents permanentes, car l’évolution de cette atteinte peut impacter durablement la qualité de vie et la santé bucco-dentaire des plus jeunes.

MIH : une pathologie dentaire qui touche de plus en plus d’enfants

L’hypominéralisation molaire-incisive, plus connue sous le nom de MIH, occupe désormais une place de choix dans les préoccupations des dentistes pédiatriques. Cette maladie des dents cible principalement l’émail des premières molaires définitives et des incisives chez l’enfant. En France, près d’un enfant sur cinq serait concerné, soit entre 15 et 20 % des enfants d’après les dernières enquêtes. À l’échelle mondiale, les chiffres varient considérablement, et certaines régions enregistrent jusqu’à 40 % d’enfants touchés.

Les conséquences de l’hypominéralisation dépassent largement la simple question d’apparence. Les dents affectées arborent souvent des taches blanches, jaunes ou brunes ; elles sont plus fragiles, cèdent plus facilement face aux caries et risquent de se fracturer. Beaucoup d’enfants évoquent une hypersensibilité dentaire et des difficultés à mâcher. Les dentistes, eux, peinent à restaurer durablement ces dents, l’émail poreux compliquant la tenue des matériaux utilisés lors des soins.

Les premières molaires définitives, qui sortent généralement vers six ans, jouent un rôle clé dans la stabilité de la mâchoire. Leur atteinte par la MIH fragilise l’architecture dentaire et peut provoquer des déséquilibres durables. Les sociétés savantes encouragent donc un dépistage précoce, notamment lors des bilans bucco-dentaires à l’école. Encore trop souvent, la MIH passe inaperçue, retardant la prise en charge et exposant les enfants à des difficultés fonctionnelles et psychologiques.

Comment reconnaître la MIH chez son enfant ?

Identifier la maladie MIH chez un enfant n’est pas toujours évident, car ses signes varient d’un jeune patient à l’autre. Le premier indice ? L’apparition de taches irrégulières, blanches, crème, parfois jaunes ou brunes, situées sur les molaires définitives et les incisives. Ces marques ne sont pas anodines : elles révèlent une hypominéralisation de l’émail, rendant la dent bien plus vulnérable.

La MIH se manifeste aussi par une sensibilité dentaire accrue. L’enfant grimace lorsque les aliments sont trop froids, chauds, sucrés ou acides. Parfois, la douleur devient telle que le brossage ou l’alimentation posent problème, et le risque de carie dentaire augmente mécaniquement.

Voici les signes à surveiller pour repérer une MIH :

  • Taches bien visibles, souvent localisées sur les molaires ou les incisives
  • Sensibilité dentaire importante, même sans signe de carie
  • Émiettage de l’émail, dents qui semblent plus fragiles

Le diagnostic de la MIH appartient au chirurgien-dentiste : seul un examen attentif permet de distinguer ces altérations des autres troubles de l’émail. Face à la moindre incertitude, mieux vaut consulter rapidement son dentiste ou un centre spécialisé. Un repérage précoce limite les complications et protège le bien-être de l’enfant.

Pourquoi cette maladie apparaît-elle et quels sont ses impacts au quotidien ?

La MIH, ou hypominéralisation des molaires et incisives, est loin d’être marginale. En France, elle concernerait 15 à 20 % des enfants, et parfois jusqu’à 40 % ailleurs dans le monde. Cette pathologie interroge, tant ses origines demeurent complexes. Les chercheurs avancent l’idée d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Les pistes incluent l’exposition à certains perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, des infections ORL répétées, la prise précoce d’antibiotiques, des incidents à la naissance ou encore des carences nutritionnelles.

Les répercussions sur la vie quotidienne des enfants touchés sont concrètes. L’émail fragile cède plus facilement, entraînant des fractures, des douleurs au moment des repas, une hypersensibilité au froid, au chaud ou au sucre. Ces soucis perturbent le plaisir de manger, compliquent la vie à l’école ou avec les autres, et peuvent même entamer la confiance en soi. L’apparence des dents, souvent marquée par des taches ou des cassures, peut être source de gêne ou de moqueries.

Voici un aperçu des conséquences les plus courantes chez les enfants concernés :

  • Douleurs dentaires régulières et difficultés avec certains aliments
  • Apparition précoce de caries nécessitant des soins fréquents
  • Retentissement sur l’image de soi et l’assurance au quotidien

La MIH ne se limite donc pas à une anomalie dentaire : elle pèse sur le fonctionnement, l’apparence et le vécu psychologique.

Gros plan sur dents irrégulières d

Des solutions concrètes pour protéger le sourire de votre enfant

Protéger les dents fragilisées par la MIH suppose d’intervenir tôt, avec des méthodes adaptées à la situation de chaque jeune patient. Les dentistes privilégient souvent le vernis fluoré : appliqué en cabinet, il renforce l’émail dentaire des molaires et incisives atteintes, diminue la sensibilité et freine l’apparition de caries.

Dans les cas où les molaires définitives présentent des sillons poreux, le scellement de sillons agit comme un véritable bouclier. Une fine couche de résine bloque la pénétration des bactéries et protège la dent au fil des repas. Si les lésions sont plus étendues, la résine composite permet de reconstruire la dent abîmée. Parfois, la destruction de la dent impose la pose d’une couronne dentaire et, dans les cas extrêmes, une extraction reste la seule solution.

La prévention repose sur une hygiène bucco-dentaire irréprochable et des choix alimentaires réfléchis. Il est recommandé d’utiliser un dentifrice fluoré dès que les premières molaires apparaissent, de limiter la part des sucres rapides dans l’alimentation et de consulter régulièrement le dentiste.

Les actions à privilégier pour limiter les conséquences de la MIH sont les suivantes :

  • Applications fréquentes de vernis fluoré
  • Scellement des sillons sur les molaires fragiles
  • Utilisation quotidienne d’un dentifrice spécifique
  • Rendez-vous de contrôle deux fois par an chez le dentiste

Des équipes comme celles d’Elsa Garot et Patrick Rouas à l’université de Bordeaux et au CHU de Bordeaux poursuivent leurs investigations pour affiner les stratégies de prévention et de traitement, alliant rigueur clinique et recherche scientifique.

La maladie MIH, longtemps restée dans l’ombre, s’invite désormais au cœur des préoccupations de santé dentaire chez l’enfant. Repérer les signes, agir vite, coordonner les efforts : voilà le défi pour préserver durablement le sourire des plus jeunes.

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