Ignorée par les manuels traditionnels, l’approche centrée sur la coopération parent-enfant s’appuie sur des stratégies validées par la recherche en psychologie du développement. Un consensus grandissant parmi les experts révèle que l’encouragement, l’écoute active et la régulation émotionnelle favorisent l’épanouissement des enfants, sans pour autant exclure l’exercice de l’autorité.
Certaines idées reçues persistent, laissant croire que la bienveillance rime avec laxisme. Pourtant, des études longitudinales démontrent que l’accompagnement structurant améliore la confiance mutuelle et réduit l’apparition de troubles du comportement. Ce modèle séduit de plus en plus de familles en quête d’un équilibre entre fermeté et empathie.
Plan de l'article
- Parentalité positive : comprendre l’origine et l’évolution d’un concept clé
- Quels sont les principes fondamentaux qui définissent la parentalité positive ?
- Avantages et limites : ce que la parentalité positive change vraiment dans la vie de famille
- Des pistes concrètes pour intégrer la parentalité positive au quotidien
Parentalité positive : comprendre l’origine et l’évolution d’un concept clé
La parentalité positive s’enracine dans un courant mondial qui fait de l’éducation bienveillante un principe central et lutte contre les violences éducatives ordinaires. L’expression, mise en lumière en France par des figures comme Isabelle Filliozat et Catherine Gueguen, s’appuie sur les recommandations du Conseil de l’Europe. Dès 2006, cette institution capitalise sur la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant pour clarifier le cap : grandir dans le respect de ses besoins, sans violence ni humiliation.
Ce modèle s’est d’abord imposé en Suède, pionnière avec l’interdiction des châtiments corporels en 1979, avant de gagner du terrain en France. La loi n° 2019-721, qui bannit la violence éducative, marque un vrai tournant. Désormais, l’approche éducative privilégie l’empathie et respecte le rythme de chaque enfant. Ce n’est pas une théorie abstraite : elle propose un cadre stable, mais rejette toute forme de correction physique ou psychologique.
Des chercheurs comme Stéphanie Deslauriers, Maurice Godelier ou Daniel Delanoë examinent les mutations des relations parent-enfant. La sociologue Frédérique Fogel s’est penchée sur l’impact pour les parents migrants et sans-papiers. Aujourd’hui, la parentalité positive ne reste pas l’apanage d’une minorité : elle touche l’ensemble de la société, reflétant une vraie transformation des schémas éducatifs.
Quels sont les principes fondamentaux qui définissent la parentalité positive ?
La parentalité positive s’articule autour de repères nets. Première pierre : la bienveillance. Il ne s’agit pas de se plier à tous les souhaits de l’enfant, mais d’adopter une attitude éducative non violente où chaque règle est expliquée et adaptée à son développement. Les règles existent, mais la peur n’est plus l’outil d’apprentissage.
Deuxième pilier, l’empathie. Accueillir les émotions de l’enfant, reconnaître sa frustration, implique une écoute active. Les professionnels, à l’instar de Catherine Gueguen, soulignent que l’enfant a surtout besoin d’être écouté, pas seulement réprimandé.
La communication occupe une place décisive. Ici, la parole guide l’action : les consignes sont formulées positivement, l’enfant est encouragé à s’exprimer sur ses besoins. La reconnaissance de l’enfant comme individu à part entière infuse la démarche.
L’autorité bienveillante n’est pas oubliée. Elle tranche avec l’autoritarisme d’antan. L’adulte reste le garant du cadre, sans jamais humilier ou menacer. Le dialogue remplace l’intimidation.
Voici les axes concrets sur lesquels s’appuie cette approche :
- Favoriser l’autonomie et l’estime de soi
- Exclure toute forme de châtiment corporel ou de violence psychologique
- Assurer un climat familial sécurisé
La parentalité positive n’est pas synonyme de laxisme : elle impose des repères clairs et vise à tisser une relation de confiance durable, soutenant l’épanouissement global de l’enfant.
Avantages et limites : ce que la parentalité positive change vraiment dans la vie de famille
Adopter la parentalité positive, c’est installer un climat familial apaisé. Ce modèle, ni autoritaire ni permissif, place le bien-être de l’enfant au centre de la vie familiale. Dans les foyers qui s’en emparent, la coopération prend le pas sur la confrontation. Le dialogue s’installe, la réparation l’emporte sur la sanction. Des études en France et en Suède confirment une dynamique familiale plus sereine et une diminution du stress parental, au bénéfice d’une responsabilité partagée autour de l’éducation.
Les familles qui s’engagent sur cette voie constatent notamment :
- Une réduction du recours à la violence éducative ordinaire
- Le développement de l’estime de soi chez l’enfant
- Une meilleure gestion des conflits familiaux
Mais s’engager dans cette démarche demande de revisiter en profondeur les schémas éducatifs transmis de génération en génération. Beaucoup de parents, marqués par une culture de la sanction ou du rapport de force, évoquent la difficulté à modifier leurs réflexes. La parentalité positive, encouragée par des organismes comme le Conseil de l’Europe, requiert aussi des dispositifs d’accompagnement. Des structures de soutien émergent, mais l’accès reste variable selon les régions ou les contextes sociaux.
Ce modèle concerne aussi bien les familles en précarité que celles issues de l’immigration ou vivant sans papiers. Il doit composer avec la diversité des histoires de vie et ne s’impose pas comme une norme intangible. Les principaux écueils : une charge mentale parfois lourde pour les parents, l’exigence d’une adaptation constante, et des relais institutionnels pas toujours à la hauteur, dans une société où le poids des habitudes reste fort.
Des pistes concrètes pour intégrer la parentalité positive au quotidien
Faire vivre la parentalité positive au quotidien commence par une attention nouvelle portée à l’écoute et à la gestion des émotions. Parents comme enfants traversent des moments de tension, qui réclament une vigilance accrue. Savoir reconnaître et accueillir ces émotions, c’est déjà accompagner l’enfant dans l’apprentissage de la régulation émotionnelle. Ce progrès s’ancre souvent dans l’exemple : quand l’adulte exprime sa frustration ou sa colère sans violence, il montre la voie d’un apaisement possible.
La mise en place de règles claires structure la vie de famille sans tomber dans l’excès de rigidité. Ces repères s’élaborent, dès que possible, avec la participation de l’enfant. L’inviter à prendre part à la définition des règles, c’est lui reconnaître une place active dans la famille. Ce processus consolide sa confiance et son sens des responsabilités. Les spécialistes de l’éducation bienveillante insistent : la coopération naît d’une routine stable, mais reste ouverte aux ajustements.
La pratique de la réparation plutôt que celle de la sanction s’impose comme une clé. Lorsqu’une règle est transgressée, proposer à l’enfant de réfléchir aux conséquences de son acte et aux moyens de réparer, symboliquement ou concrètement, encourage le dialogue. Inspirée par les travaux de Catherine Gueguen ou Isabelle Filliozat, cette méthode privilégie la compréhension mutuelle. Résoudre les conflits par la parole, c’est l’un des leviers de la parentalité positive, en phase avec l’évolution des pratiques éducatives depuis la loi de 2019 qui proscrit la violence éducative.
En filigrane, un nouveau visage de la famille se dessine : plus d’écoute, plus d’alliance, moins de rapport de force. La parentalité positive ne promet pas la facilité, mais elle ouvre la porte à une génération d’enfants qui sauront, demain, conjuguer confiance et respect.



































